attendre

6e édition

ATTENDRE.

v. a.
■  Rester en un lieu où l’on compte qu’une personne viendra, qu’une chose sera apportée, amenée. Je vous attends ici. Je vous attendrai demain chez moi. Je vous attendrai jusqu’à telle heure. Il l’attendait au passage. Des brigands l’ont attendu au coin d’un bois. J’irai attendre le bateau à tel endroit. Ils attendirent la diligence sur la route. Je suis resté longtemps à attendre. Vous m’avez bien fait attendre. Attendre avec impatience. Attendre tranquillement. Il va peut-être arriver, attendons. Attendre l’ennemi, l’attendre de pied ferme. Un nom d’animal ou de chose peut également être le sujet de la phrase. Ce chien attend son maître. Ma voiture m’attend à la porte. Deux chevaux devaient les attendre à l’entrée du bois.
Prov., fig. et ironiq., Attendez-moi sous l’orme, se dit en parlant D’un rendez-vous où l’on n’a pas dessein d’aller, d’une promesse sur laquelle il ne faut pas compter.
Prov. et fig., C’est où je l’attends, c’est là que je l’attends, signifie tantôt qu’On ne craint point celui dont on parle, et qu’on est en état de lui faire plus de mal qu’il n’en peut faire lui-même ; tantôt qu’On saura tirer avantage contre lui des choses qui lui inspirent le plus de confiance.
p. 125Prov., Il ennuie à qui attend, C’est presque toujours avec impatience et ennui que l’on attend.
Attendre, signifie, dans une acception plus étendue, Compter sur l’arrivée, sur la venue d’une personne ou d’une chose. Le roi doit passer par notre ville, il y est attendu depuis trois jours. Nous l’attendons de jour en jour. Attendre le retour de quelqu’un. Attendre une personne à dîner. Vous vous êtes bien fait attendre. Attendre une lettre. Nous attendons de ses nouvelles. Sa réponse ne se fit point attendre. Une place qui attend des secours.
Il s’emploie figurément, dans un sens analogue. Toute l’Europe attend la paix. Attendre la récompense de ses services. On m’a bien fait attendre cette grâce. Vous attendrez longtemps l’effet de ses promesses. Il attend la fièvre. Elle n’attend que l’heure d’accoucher. J’attendais cette époque avec impatience. Attendre la mort avec courage.
Fig., Le dîner, le souper, etc., nous attend, Le dîner, le souper, etc., est prêt.
Prov. et fig., Il faut attendre le boiteux, Pour être bien assuré de la vérité d’une nouvelle, il en faut attendre la confirmation.
Prov., Attendre quelqu’un comme les moines font l’abbé, Ne point l’attendre pour dîner, quoiqu’il doive venir, se mettre à table sans lui.
Prov., Tout vient à point à qui peut attendre, Avec le temps et la patience, on vient à bout de tout.
Prov., Vous ne perdrez rien pour attendre, Votre payement, pour être retardé, n’en est pas moins assuré. Cela se dit, par extension, Pour exprimer que le retard apporté à quelque chose n’est pas un préjudice, et peut même devenir un avantage. On tarde à vous placer, mais vous ne perdrez rien pour attendre.
Attendre, se dit figurément De certaines choses qui menacent une personne, ou qui lui sont destinées, réservées. Voilà le sort qui vous attend. La misère attend les dissipateurs. Quelle gloire vous attend !
Attendre, signifie également, Différer ou cesser de faire une chose jusqu’à l’arrivée d’une personne, jusqu’à ce qu’une autre chose ait lieu, jusqu’à un certain temps. Je n’attends que lui pour agir, mais je ne puis savoir quand il viendra. Il me sera impossible de vous rejoindre, si vous ne m’attendez. Vous allez trop vite, attendez donc. J’attendrai la belle saison, avant de me mettre en voyage. Attendez, pour sortir, qu’il fasse beau. Il attend que son fils revienne. Qu’attendez-vous pour agir ? J’attends sa décision. J’attends, pour cela, qu’on m’ait accordé une autorisation. Avant d’ajouter foi à cette nouvelle, il faut en attendre la confirmation. Le vaisseau n’attend plus qu’un vent propice. Sa haine n’attend qu’un prétexte pour éclater. Il se targue beaucoup de ce premier avantage, mais attendons la fin. Attendez encore un peu, et vous serez satisfait. Le moment n’est pas favorable pour l’exécution de notre dessein, attendons encore, attendons. Attendez, il me vient une idée. On le dit quelquefois dans un sens de menace. Attendez, lâches, ou seulement, Attendez.
Fig., Un coup n’attendait pas l’autre Les coups se succédaient rapidement, sans interruption. On dit également, Une question, une saillie, etc., n’attendait pas l’autre.
Fig., En lui, chez lui, la raison, la valeur, etc., n’a pas attendu les années, se dit D’une personne en qui la raison, la valeur, etc., s’est montrée de bonne heure.
Attendre, dans le sens qui précède, se joint quelquefois avec la préposition À. Pour partir, attendez au jour, attendez à la belle saison. Attendez jusqu’à demain, jusqu’à la semaine prochaine. J’attends à partir qu’il fasse moins chaud. On dit plus ordinairement, J’attends pour partir, etc.
Attendre, se joint quelquefois avec la préposition Après ; et alors il marque Le besoin qu’on a de la personne ou de la chose qu’on attend, ou l’impatience avec laquelle on attend. Il y a longtemps qu’on attend après vous. On n’attend plus qu’après cela. C’est un argent après lequel il attend pour partir. Cette somme est une bagatelle, et je n’attends pas après.
Attendre, avec la préposition De, signifie, Espérer, se promettre quelque chose. Il ne faut attendre sa récompense que de Dieu. Je n’attendais pas cela de vous. N’attendez d’un traître que des perfidies. On attend quelque chose de grand de ce prince. Nous n’attendions pas moins de votre prudence. J’attends cela de votre complaisance. La piété n’attend rien du monde. C’est un homme dont il ne faut rien attendre, dont je n’attends rien de bon. J’attends de vous ce service. N’attendez pas que je vous réponde là-dessus. N’attendez de moi qu’un profond mépris. Il est à l’agonie, on n’en attend plus rien.
Attendre, s’emploie souvent avec le pronom personnel, et signifie, Se tenir comme assuré de quelque chose, compter sur quelqu’un, sur quelque chose. Je n’en fus pas surpris, je m’y attendais bien. Je m’attends qu’il me manquera de parole. Je m’attends que vous viendrez demain. Je m’attends à vous. Il ne faut pas s’attendre à lui. Je ne m’attendais pas à vous voir sitôt. Elle ne s’était point attendue à vous voir. Je ne m’attendais pas à un pareil traitement de votre part. Je m’attends à rencontrer bien des difficultés. Vous auriez dû vous y attendre. Je ne m’attendais pas que les choses dussent tourner si mal. Après cela, on peut s’attendre à tout. Prov., Ne t’attends qu’à toi seul.
Prov. et fig., Qui s’attend à l’écuelle d’autrui, a souvent mal dîné, Quand on compte sur autrui, on est souvent trompé dans ses espérances.
Iron., Attendez-vous-y, se dit Pour exprimer qu’on est loin de vouloir faire ce qu’une personne désire, ou bien de croire qu’elle obtiendra d’une autre ce qu’elle en attend.
En attendant. loc. adv. Jusqu’à tel moment, jusqu’à tel temps, déterminé par ce qui précède. Il se mit à lire en attendant. Reposez-vous en attendant. En attendant, nous nous promènerons. Je vais, en attendant, copier cette lettre.
C’est aussi une locution conjonctive qui signifie, Jusqu’à ce que. En attendant que vous soyez mieux informé. On dit dans la même acception, En attendant l’heure, en attendant mieux, Jusqu’à ce que l’heure sonne, jusqu’à ce qu’il arrive mieux.
Attendu, ue. participe.
Ce gigot est dur, il n’a pas été assez attendu, On aurait dû le garder plus long-temps avant de le faire cuire.
Attendu, s’emploie aussi d’une manière absolue : alors il est invariable, et signifie, Vu, eu égard à. Il fut exempté de cette charge publique, attendu son âge, attendu son infirmité. Attendu les circonstances atténuantes, la cour ne l’a condamné qu’à…
Attendu que. loc. conjonctive. Vu que, comme, car. Attendu qu’il s’agissait d’une affaire importante, on décida que… Attendu que l’acte ne renferme point cette clause, le tribunal déclare… Je ne saurais accorder cette permission, attendu que mes ordres s’y opposent.
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