demeurer

4e édition

DEMEURER.

v. n.
■  Faire sa demeure. Demeurer à la campagne. Demeurer à la ville. Il demeure dans une telle rue. Il demeure à l’Écu, à l’enseigne de l’Écu. En ce sens il se construit avec le verbe Avoir.
Il signifie figurément, Être permanent. Il demeure toujours dans le même état. Cet arc de triomphe n’est pas fait pour demeurer. Il faut que toutes choses demeurent en leur entier.
Demeurer, Rester. Il n’y est rien demeuré. Il en demeurera plus de la moitié. Il ne lui est rien demeuré de tant de biens qu’il avoit.
On dit, Demeurer en arrière, demeurer en reste, pour dire, Rester débiteur.
On dit, Il est demeuré deux mille hommes sur la place, pour dire, qu’Il y a eu deux mille hommes de tués.
On dit aussi, Demeurer interdit. Demeurer confus. Demeurer inutile. Demeurer froid. Demeurer les bras croisés. Demeurer à ne rien faire. Demeurer d’accord. Demeurer au filet.
On dit De celui qui a paru tout étonné sur une nouvelle qu’on lui a apprise, qu’Il est demeuré froid comme glace.
On dit, en parlant De choses qu’il est dangereux d’écrire, La parole vole, & l’écriture demeure.
On dit proverbialement d’Une chose qu’on a perdue quelque part, qu’Elle y est demeurée pour les gages.
On dit aussi populairement d’Un homme qui est mort dans une guerre, dans un voyage, &c. qu’Il y est demeuré pour les gages.
On dit d’Une chose qu’on a avalée, qu’Elle est demeurée sur le cœur, sur l’estomac, pour dire, qu’Elle cause des soulèvemens de cœur, des maux d’estomac, ou qu’elle pèse sur l’estomac.
On dit aussi figurément d’Une personne qui conserve du ressentiment, que Cela lui est demeuré sur le cœur.
On dit figurément, La victoire nous est demeurée, l’affront leur en est demeuré, pour dire, Nous avons eu la victoire, ils en ont eu l’affront.
Demeurer, signifie aussi Tarder. Il demeure long-temps à venir. Sa plaie a demeuré long-temps à guérir, à se fermer.
Il signifie aussi S’arrêter. Demeurez là jusqu’à mon retour. Le carrosse demeura au milieu du chemin sans pouvoir avancer.
On dit figurément, qu’Un homme est demeuré en beau chemin, pour dire, qu’Il a manqué à faire fortune, lorsqu’il y avoit le plus d’apparence qu’il y réussiroit ; ou à pousser une affaire, lorsque le succès en paroissoit certain.
On dit aussi dans ce même sens, Il ne faut pas demeurer en si beau chemin. C’est un homme qui n’en demeurera pas là.
On dit aussi figurément, qu’Une affaire n’en demeurera pas là, pour dire, qu’Elle pourra avoir des suites bonnes ou mauvaises. La même chose se dit encore d’une personne qui a reçu quelque offense, lorsqu’on croit qu’elle poussera loin son ressentiment.
On dit figurément, en parlant de l’endroit où l’on a discontinué quelque discours, quelque lecture, Où en êtes-vous demeuré ? Voilà où nous en sommes demeurés.
Lorsqu’il s’agit de choisir entre plusieurs choses, on dit figurément De celle qu’on préfére aux autres, Demeurons-en là. Demeurons-en à cela, pour dire, que C’est celle-là qu’il faut choisir.
On dit figurément, Demeurons-en là, pour dire, N’en parlons pas davantage : & cela se dit ordinairement, lorsqu’on voit que la contestation s’échauffe trop, & qu’on craint qu’elle n’aille plus loin que l’on ne voudroit.
On dit figur. & famil. Demeurer sur la bonne bouche, Lorsque dans les choses qui regardent ou les sens ou l’esprit, la dernière touche plus agréablement que les autres, & que l’on s’y arrête.
On dit aussi, Demeurer sur son appétit, pour dire, Se retenir de manger, quand on a encore appétit.
On l’emploie aussi dans le figuré & au familier, pour dire, qu’On quitte avec regret la compagnie de quelque personne agréable, quelque chose qui fait plaisir.
Demeurer dans une Harangue, dans un Sermon, &c. C’est lorsqu’en prononçant une Harangue, un Sermon, &c. que l’on a appris par cœur, on vient à manquer tellement de mémoire, qu’on ne sauroit plus continuer ce qu’on avoit à dire. Il est demeuré au milieu de sa Harangue. Il demeura tout court au commencement de son Sermon.
Demeuré, ée. participe.
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