bien

I. BIEN

adverbe et adjectif invariable
Étymologie : xe siècle. De l’adverbe latin bene.
↪ voir aussi : II. Bien (n. m.)
■  Pour le comparatif et le superlatif, voir Mieux.

I.

I. Adverbe de manière.
D’une manière conforme à des attentes, des normes, des règles, plus ou moins formelles, plus ou moins délimitées et exclusives, de tous ordres et sous tous les rapports.
1.  D’une manière convenable, satisfaisante, efficace. Elle chante bien. C’est du travail bien fait. Un roman bien écrit. Voilà qui est fort bien raisonné. Il se porte bien. Il va aussi bien que possible. Cette femme vieillit bien. Elle a bien vendu sa maison. L’affaire tourne bien, a bien marché. Cela tombe bien. Tout va bien. Il s’est fort bien acquitté de sa mission. Il a bien mené son affaire. Elliptiquement. Bien visé ! Bien joué ! Marque de domaine : enseignement. Obtenir une mention bien, très bien à un examen ou, elliptiquement, un bien, un très bien.
▪ Par antiphrase. Ça commence bien ! Nous voilà bien ! Ah ! Vous avez bien choisi le moment !
▪ Expr. Bien m’en a pris, bien lui en a pris de, j’ai eu raison, il a eu raison de.
▪ Loc. adv. Plus ou moins bien, tant bien que mal, ni bien ni mal, d’une manière médiocre. Il a passé tant bien que mal son examen. Comment avez-vous été accueillis ! Ni bien ni mal.
▪ Loc. verb. Faire bien de, agir comme il convient de le faire ; avoir raison de. Tu fais bien de lui résister. Je ne crois pas que vous avez bien fait de lui répondre ainsi. Nous avons bien fait de répondre à sa lettre.
2.  D’une manière conforme aux usages, aux valeurs admises, aux normes établies, aux règles de la morale. Être bien mis, bien habillé, bien coiffé. Cet enfant se tient bien à table. Un homme bien élevé. Bien traiter ses hôtes. Vous avez bien agi. En l’occurrence, il s’est fort bien conduit.
▪ Spécialement. Être bien né, de noble origine, de bonne famille. Avoir l’âme bien née, être naturellement porté vers les sentiments nobles. Penser bien, conformément aux idées reçues dans le milieu où l’on vit.
▪  Prov. Bien faire et laisser dire, agir selon sa conscience sans se soucier de l’opinion.

II.

II. Adverbe d'intensité.
1.  Tout à fait, effectivement. Ce texte a-t-il bien été envoyé à l’imprimerie ? Cette histoire est bien vraie, je puis vous l’assurer. Vous avez bien raison. Je m’en doutais bien. C’est bien ce que je disais. C’est bien lui, je le reconnais. C’est bien de lui, c’est tout à fait caractéristique de lui.
▪ Explétif. Renforçant un ordre ou une interrogation. Voulez-vous bien vous taire ? Comment a-t-il bien pu oublier ce rendez-vous ?
▪ Par antiphrase. C’est bien à vous de me faire la leçon ! Il lui sied bien de faire le fanfaron.
▪ Avec une nuance d’opposition. Il parle bien, lui. Pourquoi me tairais-je ?
▪ Formellement, expressément, définitivement. Cela est bien établi dans le contrat. Vous voilà maintenant bien averti.
▪ Certainement, sûrement. Il a bien vu que j’étais là. Il le sait bien, lui. Il se fera bien prendre un jour.
▪ Volontiers, de bon cœur. J’aimerais bien. Cela me plairait bien. Il aurait bien voulu partir plus tôt.
▪ Loc. adv. Bel et bien, réellement. Il est bel et bien congédié. Bien sûr, bien entendu, cela va de soi. « Vous avez toujours confiance en moi ? – Bien sûr ! » « Serez-vous des nôtres ? – Bien entendu ! » Aussi bien, voir Aussi. Bien loin de, voir Loin. Mais bien. Ou bien, voir Ou.
2.  Marque une estimation avec un adjectif numéral, un nom de nombre ou un mot équivalent : Au moins, au bas mot. Il y a bien dix ans. Il faut bien compter huit jours pour faire ce travail. Il y a bien deux kilomètres d’ici là. Ce jouet vaut bien cinq cents francs.
3.  Marque une concession, l’atténuation d’une affirmation. Je le paierais bien mille francs, mais c’est mon dernier mot. Je vous dirais bien de rester.
▪ Loc. verb. Bien vouloir, consentir à. Je veux bien. Si vous voulez bien. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir, formule épistolaire de courtoisie accompagnant une demande, une sollicitation. Vous avez bien voulu me demander. Je vous prie de vouloir bien, formule courtoise d’un supérieur à un de ses subordonnés pour accompagner un ordre.
4.  Souligne, avec une nuance de familiarité, l’atténuation déjà exprimée par un verbe d’opinion ou par le conditionnel d’un verbe marquant une volonté. Je crois bien l’avoir rencontré. Je voudrais bien le connaître.

III.

III. Adverbe de quantité.
1.  Avec un verbe : Beaucoup. Manger bien, boire encore mieux. Il a bien grossi. J’ai bien ri à ce film.
▪  Prov. Rira bien qui rira bien le dernier.
2.  Devant un adverbe, une préposition : Beaucoup, très. Il est bien tard. Vous avez été bien mal conseillé. Il a bien trop de travail. Elle est arrivée bien avant lui. Il en fait bien davantage. Cela s’est passé il y a bien longtemps. Bien naturellement, bien volontiers. Vous êtes bien près du bord. Il est arrivé bien à propos. La chose s’est passée bien autrement que vous ne le dites. Loc. fam. Merci bien, merci beaucoup. Bien plus. Loc. conj. de coordination qui renchérit sur ce qui précède. Il est mon cousin ; bien plus, il est mon ami.
3.  Devant un adjectif : Très, tout à fait. C’est un homme bien malheureux. Un orateur bien ennuyeux. Il est bien malade. Bien fol est qui s’y fie ! Elle sera bien aise de vous rencontrer. Je suis bien sûr du contraire. Ce sont là de bien faibles raisons. Ce film est bien mauvais. Un café bien fort. C’est déjà bien beau qu’il sache lire ! Peut avoir le sens de Trop. Il est bien jeune pour ce poste. C’est être bien pressé. Nous sommes bien peu. Vous arrivez bien tard.
4.  Devant un nom ou un pronom. Bien de, beaucoup de. Il a bien de l’esprit, bien du talent. Elle en eut bien de la peine. Bien des gens le croient. Iron. Je vous souhaite bien du plaisir. Nous en verrons bien d’autres.

IV.

IV.  Bien, employé comme interjection, marque, suivant le contexte, l’approbation ou l’opposition.
Bien, fort bien, je n’y vois aucun empêchement. « Vous l’avez vu ? – Ah ! bien ! » Bien, bien, nous reparlerons de cela. Fort bien ! Ne vous gênez pas ! Eh bien ! voir Eh !

V.

V. Adjectif invariable. Tel qu’on peut le souhaiter.
1.  Attribut. Elle est encore bien malgré son grand âge. Le malade est bien, est tout à fait bien maintenant. Il ne se sent pas très bien. Tout le monde l’a trouvé fort bien, dans ce rôle. Ce n’est pas bien de mentir. Nous sommes bien dans ce jardin. C’est bien, c’est très bien. Tout est bien ainsi.
▪ Impers. Il est bien de, il est juste, convenable de. C’est bien de garder une certaine réserve. Il serait bien que vous lui fissiez des excuses. Par extension. Fam. Cela fait bien sur une carte de visite.
▪ Expr. Être bien avec, avoir de bonnes relations avec. Il est bien avec ses voisins. Être bien ensemble. Fam. Être bien dans sa peau, se sentir à l’aise, heureux de vivre.
▪  Prov. Tout est bien qui finit bien.
2.  Valeur d’épithète. Qui présente les qualités requises ; qui est conforme aux usages, aux modèles admis. Un homme, une femme bien. Des gens très bien. Une maison tout à fait bien. Quelqu’un de bien. Rien de bien ne peut sortir de là.

VI.

VI. Loc. conj. de subordination. Bien que, encore que, quoique.
(Introduit une proposition concessive au subjonctif ou au participe.) Bien que je souhaite de tout mon cœur vous aider, je ne puis pas. On lui donna une gratification, bien qu’il ne l’eût guère méritée. Parfois avec ellipse du verbe. Bien que cruel, il était parfois accessible à la pitié.
▪  Si bien que, tant et si bien que, tellement que, de telle sorte que. (Introduit une proposition consécutive à l’indicatif ou au conditionnel.) Il travailla avec acharnement, si bien qu’il fut reçu dans les premiers. Il parlait avec beaucoup de talent, tant et si bien qu’on l’aurait écouté jusqu’au soir.
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