après

APRÈS

préposition et adverbe, par opposition à Avant.
Étymologie : xe siècle, apres, adverbe, « ensuite », et préposition, « près de » ; xiie siècle, comme préposition à valeur temporelle. Emprunté du bas latin ad pressum, « auprès », composé de ad, « à », et pressum, neutre, pris adverbialement, du participe passé pressus, « serré, pressé ».

I.

I. Préposition. Marque, relativement au complément introduit, soit la postériorité dans le temps ou, par analogie, dans l’espace, soit la subordination ou l’infériorité de rang dans une hiérarchie, dans un ordre.
1.  Postériorité dans le temps. S’éveiller après le lever du soleil. Il viendra peu après midi. Après Noël. Il est arrivé après l’heure indiquée. Venez me parler après votre promenade, après la séance, après mon cours. Après le repas. Après une heure d’attente. Après un an de travail. Après une longue méditation. Après mûre réflexion, au terme d’une réflexion approfondie, ayant pesé le pour et le contre. Après accord. Après vérification. Après la guerre, le pays n’était plus qu’un champ de ruines. Après cette incartade, tout rentra dans l’ordre. Lisez ce livre, après quoi nous en discuterons, ensuite, nous en discuterons. Procédons à de nouvelles analyses, après cela, nous y verrons plus clair, une fois ces analyses faites, nous y verrons plus clair. Le lièvre est arrivé après la tortue. Cette dame est arrivée bien après vous. Il a été reçu juste après vous par le chef de cabinet. La poésie française après Baudelaire. Dès après, aussitôt après. Spécialement. Après Jésus-Christ ou, par abréviation, après Jésus-Christ, après la naissance du Christ, début de l’ère chrétienne.
▪ Formule de politesse. Après vous, je vous en prie. Par ironie. Après vous, s’il en reste, laissez-en un peu pour les autres.
▪ Pour exprimer une répétition, une succession. Nuit après nuit. Question après question. L’un après l’autre, à tour de rôle.
▪ Avec une idée de cause. Après cela, on peut s’attendre à tout, puisque cela a eu lieu, a été fait ou existe, on peut s’attendre à tout. Il n’a rien fait de l’année ; doit-on, après cela, s’étonner de son échec ? Après cela ou, fam., après ça, il ne me reste plus qu’à tout recommencer. Après un tel scandale, on a dû se séparer de lui. Expr. Après cela, on peut tirer l’échelle, voir Échelle.
▪ Dans un complément de nom. Après peut être précédé de la préposition de. L’Europe d’après la Seconde Guerre mondiale. La Grèce d’après le siècle de Périclès.
▪ Pour introduire un infinitif, lorsque les deux verbes de la phrase ont le même sujet. Infinitif passé. Après avoir payé, il sortit. Après s’être beaucoup fâchée, elle s’apaisa. Ils s’étaient mis en route après avoir mangé. Infinitif présent. Ne se rencontre plus guère que dans des expressions figées où l’infinitif est perçu comme un substantif. Après boire, ils se querellèrent (vieilli). Après dîner. Après déjeuner. Spécialement. Rare. Précédant un infinitif présent pour former un complément de nom. Des chansons d’après boire. Nos promenades d’après déjeuner.
▪ Expr. proverbiale. Après moi le déluge, peu m’importe l’avenir.
▪  Prov. Après la pluie, le beau temps, voir Beau.
2.  Postériorité dans l’espace. Au-delà de. Après le parterre, il y a un boulingrin et, après le boulingrin, une grande pièce d’eau. Vous trouverez cette rue à gauche après la mairie. L’accident a eu lieu un peu après le tournant, dans la ligne droite après l’étang. Une station après La Ciotat.
▪ Derrière. Ce démagogue tentait de rassembler après lui tous les mécontents. Il rassembla après lui une troupe d’hommes en armes. Il traînait après lui un chariot, un enfant dans un landau et, fig., traîner tous les cœurs après soi. Dans une file d’attente. J’étais après Monsieur, juste après ce monsieur, derrière lui, immédiatement derrière lui.
▪ Spécialement. Indique que le complément introduit est l’objet d’une poursuite, d’une recherche, d’une attente ou d’une attention particulière, au propre ou au figuré. Les chiens courent après le lièvre. Ce mauvais débiteur vous fera longtemps courir après votre argent. Courir après l’argent, chercher toutes les occasions d’en gagner. Courir après les honneurs, les grands emplois. Fam. Tous les jeunes gens courent après cette demoiselle, la poursuivent de leurs assiduités. Soupirer (vieilli), languir après quelque chose, attendre avec impatience une chose qui tarde à venir et dont on a besoin, ou qu’on désire vivement. Il soupirait depuis longtemps après cette succession. Elle languissait après une lettre de son ami. Crier après quelqu’un (vieilli ou pop.), gronder quelqu’un, le quereller. N’avoir qu’un cri après quelqu’un, en parlant de plusieurs personnes, en attendre une autre avec beaucoup d’impatience. Attendre après une personne, après une chose, attendre une personne ou une chose dont on a grand besoin, les attendre impatiemment (vieilli), ou bien, simplement, rester en un lieu où l’on compte que cette personne viendra, que cette chose sera apportée (pop.). On a longtemps attendu après lui, il s’est fait attendre longtemps. On n’attend plus qu’après cela pour partir, il ne manque plus que cela pour qu’on puisse partir. Elle attend après l’ouverture du magasin, après l’autobus, après ses enfants qui rentrent de l’école (pop.). Ne pas attendre après quelqu’un, après quelque chose, pouvoir s’en passer facilement, ne pas en avoir besoin. Je n’ai pas attendu après vous pour comprendre cela, je n’ai pas eu besoin que vous me l’expliquiez. Je n’ai pas attendu après vous pour faire ce travail, je l’ai fait sans votre aide. Je n’attends pas après cette somme. Vieilli ou pop. Être après quelqu’un, s’occuper trop constamment de lui, ou le harceler, l’importuner. Cette mère est toujours après ses enfants. Cette maîtresse de maison est sans cesse après ses domestiques. Se mettre après quelqu’un, le maltraiter, ou le poursuivre de ses critiques, de ses reproches. Ils se mirent tous après lui pour le faire renoncer à son projet. Être, rester, demeurer après quelque chose, y travailler activement au moment considéré. J’ai trouvé que mon avocat était après mon affaire. Être après à faire quelque chose (très vieilli), être en train de faire cette chose. J’étais après à écrire.
▪ Pop. et incorrect. Après tend parfois à se substituer aux prépositions À, Sur, Contre. Le chèvrefeuille s’entortille après la grille. L’enfant se pend après le manteau de sa mère. Le chat saute après la souris. Le fusil est accroché après le mur. Le client mécontent se fâche après le garagiste. Le chien aboyait après le facteur.
▪ Expr. Aboyer, hurler, crier, courir après les chausses, aux chausses de quelqu’un, voir Chausses.
3.  Subordination ou infériorité de rang. Ne mettez pas le tome 1 après le tome 2. L’argent était le plus cher des métaux après l’or et le platine. Les richesses ne sont désirables qu’après l’honneur et la santé. Faire passer le plaisir après le travail, ses amis après sa famille. Après lire, ce que je préfère, c’est écouter de la musique. En parlant de personnes. Mettre Voltaire après Diderot (vieilli), préférer Diderot à Voltaire. Le capitaine est seul maître à bord après Dieu. Nous avons passé le concours la même année ; j’ai été reçu après lui, juste après lui.
4.  Loc. prép. D’après, selon. Indique que le complément sert de modèle, de référence ou d’indice. Une estampe gravée d’après Raphaël, d’après Poussin, qui a pour modèle un tableau de Raphaël, de Poussin. Ce portrait est peint d’après nature. Un buste d’après l’antique. Parler d’après ses préjugés, en se fondant sur eux. Raisonner d’après son expérience. D’après ces considérations, d’après ces motifs, je n’ai qu’à me retirer. D’après ce que disent les journaux, s’il faut en croire les journaux. D’après lui, c’est une erreur. D’après les traces laissées par la bête, c’est un loup de grande taille. À en juger d’après vos propos, vous êtes inquiet.
5.  Loc. conj. Après que, suivi de l’indicatif ou du conditionnel, mais non du subjonctif. À la suite du moment où. Après que nous fûmes sortis du port, la tempête s’éleva. Je ne rentrerai qu’après que la nuit sera tombée, après la tombée de la nuit. Après que vous aurez parlé, il décidera. Après que les enfants eurent dîné, nous partîmes. Il a dit qu’il vous verrait après que vous auriez remis votre rapport. Parfois avec le même sujet pour les deux verbes. Elle a dit qu’elle viendrait après qu’elle aurait terminé sa tâche, après avoir terminé sa tâche.
6.  Loc. adv. Après tout, cependant, tout bien considéré. Après tout, il n’est guère possible qu’une demande si juste soit repoussée. Il a du talent, après tout ; je m’étais trompé sur son compte. Après tout, quel mal y a-t-il à dire cela ? Après coup, trop tard, après le moment opportun. Vous voulez produire des pièces quand votre procès est jugé ; c’est venir après coup. Je n’ai songé à cette objection qu’après coup. Dans un texte. Ci-après, plus loin. On trouvera les figures ci-après. Régional. Par après, ensuite. Par après, je ne l’ai plus revu.

II.

II. Adverbe.
1.  Marque la postériorité dans le temps. Quelques jours après, quelques jours plus tard. Ce n’était pas en 1960, c’était bien après. Réfléchissez à cette affaire, nous en parlerons après, ensuite. Il n’arriva que longtemps après. Il s’éclipsa aussitôt après. En complément de nom. Le jour d’après, le jour suivant. La nuit d’après. Spécialement. Après ? Et après ? Et puis après ? Pour engager une personne à reprendre le propos qu’elle a interrompu. Eh bien ! Après ?… poursuivez ! Votre bateau a donc sombré ; et après ? que s’est-il passé ? Pour engager quelqu’un à réfléchir aux conséquences d’une action. Vous vous vengerez ; et après ? qu’en résultera-t-il ? En usant de ces méthodes, vous l’emporterez ; et puis après ? Pour marquer son indifférence, avec une nuance de défi. Et après, que voulez-vous que cela me fasse ? Cela est dangereux ? Et après ? Il est furieux ? Et après ?
2.  Marque la postériorité dans l’espace. Ce n’est pas au carrefour, mais bien après. Après, c’est le désert. Descendez-vous à Lyon, ou seulement après ? En complément de nom. À la gare d’après. Spécialement. Fam. Cette demoiselle est bien séduisante, les jeunes gens lui courent tous après. Gardez votre argent, je n’attends pas après.
3.  Marque la subordination ou l’infériorité de rang. Selon le protocole, il doit passer après.
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