courir

7e édition

COURIR.

v. n. Conjugaison : (Je cours, tu cours, il court ; nous courons, vous courez, ils courent. Je courais. Je courus. J’ai couru. Je courrai. Je courrais. Cours. Que je coure. Que je courusse. Courant.)
■  Aller avec vitesse, avec impétuosité. Courir légèrement. Courir de toute sa force. Ce cheval court comme un p. 427cerf. Cet homme court comme un Basque. Courir sur quelqu’un. Courir après quelqu’un pour s’emparer de lui, pour lui parler, etc. Il est parti, courez après. Courir à toute bride, à bride abattue, à toutes jambes. Ils baissèrent la lance, et coururent l’un contre l’autre. Il court mieux que vous. Ils couraient aussi vite l’un que l’autre. Ceux qui devaient courir n’attendaient plus que le signal pour s’élancer dans la carrière. Ceux qui couraient dans les jeux Olympiques. On le dit également Des choses. Ces nuages courent avec une grande vitesse. Faire courir une boule. En termes de Marine, Faire courir une manœuvre dans ses poulies.
Courir, se dit Des chevaux qui disputent le prix de vitesse. Faire courir, signifie Envoyer sur le champ de course des chevaux pour disputer le prix de vitesse.
Activ., Courir la poste, Aller en poste, voyager par la poste. On dit de même, Courir trois postes, quatre postes sur le même cheval.
Fig. et fam., Courir la poste, Faire une chose avec beaucoup de précipitation. Ce n’est pas une chose qui se fasse en courant la poste. On dit dans le même sens, Courir le grand galop.
Activ. et fig., Courir une carrière, Être engagé dans une profession, une entreprise, etc., où l’on s’efforce d’obtenir des succès, de l’emporter sur ses rivaux. Vous courez une périlleuse carrière, une carrière épineuse. Hortensius et Cicéron couraient la même carrière.
Prov. et fig., Ce n’est pas le tout que de courir, il faut partir de bonne heure, Ce n’est pas assez de se hâter ; quand on veut réussir dans une entreprise, il faut prendre ses mesures de loin.
Fig. et fam., Courir sur le marché de quelqu’un, Enchérir sur les offres d’un acheteur. Je voulais acheter cela, pourquoi venez-vous courir sur mon marché ? Il signifie, plus figurément, Faire des démarches pour obtenir la place, l’avantage qu’un autre sollicite.
Fig. et fam., Courir sur les brisées de quelqu’un, Courir sur son marché, entrer en concurrence, en rivalité avec lui.
Fig. et fam., Je cours encore, Il court encore, signifie qu’on s’est échappé en toute hâte, qu’on ne se laissera plus prendre à une chose. Enfin on me laissa aller et je cours encore.
En termes d’Ordonnances, de Déclarations, etc. Courir sus à quelqu’un, Se jeter sur quelqu’un pour l’arrêter, le maltraiter, le tuer. Tout le monde lui court sus. Les paysans se sont soulevés et ont couru sus aux troupes. Il fut mis hors la loi, et chacun eut le droit de lui courir sus.
Courir, signifie quelquefois, Aller plus vite que le pas. Vous allez trop vite, vous ne marchez pas, vous courez.
Il signifie aussi, Aller avec empressement. Courir au feu. Courir au médecin. Courir au remède. Je cours le prévenir. Va, cours, ne perds pas un instant.
Fig. et fam., Courir à l’hôpital, Se ruiner par de grandes dépenses.
Prov., Il n’y va pas, il y court, il y court comme à la noce, Il y va avec ardeur, avec joie.
Courir aux armes, Prendre les armes en hâte pour quelque alarme, ou pour quelque occasion pressante.
Courir au plus pressé, S’occuper de ce qui importe le plus dans le moment.
Courir, se dit souvent au figuré dans les divers sens qui précèdent. Courir après les honneurs, les places, les richesses, la fausse gloire, etc. Courir après des chimères, après des fantômes. Courir à sa perte, à sa ruine.
Courir après l’esprit, Mettre de la recherche, de l’affectation, de l’effort à montrer qu’on a de l’esprit.
Fam., Courir à l’argent, après l’argent, Chercher avec empressement les occasions de gagner de l’argent. Il ne se dit qu’en mauvaise part.
Fam., Courir après son argent, Continuer à jouer pour regagner ce qu’on a perdu. Il signifie aussi, Faire des démarches, des poursuites pour recouvrer une somme d’argent qu’on a de la peine à se faire rendre, à se faire payer.
Courir à l’évêché, au bâton de maréchal de France, au chapeau de cardinal, etc., Être en passe de parvenir bientôt à l’évêché, etc.
Courir à sa fin, se dit Des choses qui sont près de finir, qui n’ont pas longtemps à durer. Ma provision de bois court à sa fin. Cette maladie court à sa fin.
Courir, se dit aussi figurément De toute action précipitée, de tout ce qu’on fait trop vite. Il faut aller bride en main, on ne fait pas les affaires en courant.
Il se dit particulièrement D’une personne qui lit, qui récite, qui prononce ou qui écrit trop vite. Lisez doucement, ne courez pas. Il a écrit cela en courant. Il ne faut pas dire son bréviaire en courant. Il laisse courir sa plume sur le papier.
Courir, signifie encore, familièrement, Aller çà et là, sans s’arrêter longtemps en chaque endroit. Il ne fait que courir. Il est toujours à courir. Il court depuis le matin jusqu’au soir, on ne le trouve jamais chez lui.
Il se dit particulièrement Des courses, des démarches qu’on est obligé de faire pour quelque objet que ce soit. Il a couru toute la journée pour cette affaire. Je n’ai pas fini de courir, il me reste encore plusieurs visites à faire. Cet homme, cette affaire m’a donné à courir.
Courir, en termes de Marine, Faire route. Courir au nord. Courir au sud.
Activ., Courir des bordées, courir des bords, Louvoyer, aller alternativement à droite et à gauche, quand le vent est presque debout.
Fig., Courir le bon bord, signifiait autrefois, Pirater ; et, dans le discours familier, Fréquenter les mauvais lieux.
Courir, se dit aussi D’une chose qui se prolonge le long d’une autre, et particulièrement Des côtes, des terres, des montagnes, etc., qui s’étendent dans une certaine direction. Cette côte court de l’est à l’ouest l’espace de trois ou quatre lieues. Ces montagnes courent du nord au sud, et partagent de grands continents.
Courir, signifie en outre, Couler. Il se dit Des ruisseaux et des rivières, ainsi que Des choses liquides, comme le sang, le vin, l’huile, etc. Le ruisseau qui court dans la prairie. L’eau qui court. Le sang court dans les veines.
Il se dit figurément Du temps. Le temps court insensiblement. Le terme qui court. L’année qui court. Il court sa vingtième année.
Au temps ou par le temps qui court, Dans le temps présent, dans les circonstances actuelles.
Courir, se dit souvent, dans le sens qui précède, en parlant D’un certain temps au bout duquel se doit payer ou effectuer quelque chose. On lui a donné trois mois, qui courent à partir de telle époque. Je n’ai que quinze jours, vous m’amusez par vos artifices, cependant le temps court.
Il se dit aussi, dans un sens analogue, Des intérêts, de l’argent constitué ou dû, de gages, d’appointements, etc. La rente court de tel jour. L’intérêt de cette somme court, court toujours. Les arrérages courent. Les intérêts ont commencé à courir depuis telle époque. Ses gages courent depuis un mois.
Courir, signifie encore, Circuler, se propager, se communiquer ; et, en ce sens, il est souvent employé comme impersonnel. Faire courir un livre, un écrit. Il court un libelle infâme. Il a couru beaucoup de maladies cette année. Ces maladies courent ordinairement pendant l’été. Le bruit court que… Il court des bruits fort désavantageux sur son compte. Faire courir des bruits. Une nouvelle très alarmante court depuis hier dans le public.
Il signifie aussi, figurément, Être en vogue. La mode qui court. Cette chanson courait par la ville.
À table, Faire courir une santé, La faire porter par tous les convives. Faites courir cette santé. C’est la santé d’un tel qui court.
Faire courir la voix, Demander les avis à ceux qui composent une assemblée. Cette manière de parler a vieilli, ainsi que la suivante.
L’avis qui court, L’avis qui a le plus de voix dans une délibération non terminée.
Faire courir le billet. Voyez Billet.
Les billets de ce négociant, de ce banquier, etc., courent sur la place, On cherche à s’en défaire.
Courir, est aussi verbe actif : alors il signifie, Poursuivre à la course avec dessein d’attraper. Courir quelqu’un pour le prendre, le courir l’épée dans les reins. Courir le cerf, le lièvre, le daim. Il a droit de courir le cerf sur ses terres. Ce lièvre a été souvent couru.
Prov. et fam., Courir le même lièvre se dit De deux personnes qui sont en concurrence pour la même chose.
Prov. et fig., Il ne faut pas courir deux lièvres à la fois, ou Qui court deux lièvres n’en prend aucun, Poursuivre deux affaires à la fois, c’est s’exposer à ne réussir ni dans l’une ni dans l’autre.
Courir un bénéfice, Envoyer un courrier à celui qui a la nomination du bénéfice, pour être le premier à le demander.
Fig. et fam., Courir un bénéfice, une charge, etc., Les poursuivre, les solliciter avec ardeur.
Fig. et fam., Courir le cachet, se dit D’un maître qui donne des leçons en ville.
Au Jeu de bague, Courir la bague, Tâcher d’emporter, avec la lance, la bague suspendue au bout de la carrière. On dit, en des sens analogues : Courir la quintaine. Courir le faquin. Courir les têtes. Courir les taureaux.
Courir, actif, se dit figurément en parlant, Des personnes ou des choses qu’on recherche avec empressement, qui sont fort en vogue. On le court, on le choie. Ce prédicateur est fort couru. Ce livre est rare et curieux, il est fort couru. Il n’y a pas assez de telle marchandise, tant elle est courue.
Il signifie aussi, figurément, Être exposé p. 428à. Courir de grands risques. Vous courez quelque risque. Vous courez risque. Courir des chances. Les périls que nous avons courus. Vous ne courez aucun danger.
Courir fortune, courir risque, courir hasard, courir le risque, la chance de, Être en péril de. Il court fortune d’être chassé, de perdre son bien. Il court risque de la vie. J’ai couru hasard de me tuer. Ce mal peut bien m’arriver, j’en courrai le risque, j’en courrai la chance.
Courir même fortune, Être dans les mêmes intérêts, dans la même situation d’affaires. Courir une belle fortune, Être en passe de parvenir à quelque chose de grand.
Courir les aventures, se disait Des chevaliers qui allaient à la recherche des exploits guerriers. Il se dit aussi De quelqu’un qui cherche à se faire un nom ou une fortune par des moyens qui ne sont pas les moyens ordinaires.
Courir, actif, signifie encore, Parcourir. J’ai couru toute la ville sans le trouver. Courir les rues. Courir les champs. Quelquefois, il signifie plus spécialement, Parcourir un pays, etc., pour le ravager, pour le piller. Ces troupes ont couru telle province. Courir le plat pays. Les pirates courent la mer.
Courir le pays, courir le monde, Voyager. Il a bien couru le pays, couru le monde, ou absolument, Il a bien couru. Il a couru toute la France.
Prov., Être fou à courir les rues, à courir les champs, Être extrêmement fou.
Fam., Cette nouvelle, cette aventure, cette histoire court les rues, Elle est sue de tout le monde. L’esprit court les rues, L’esprit est commun, tout le monde en a.
Fam., Courir la pretantaine, Aller, venir, courir çà et là, sans sujet, sans dessein. Cette femme court la pretantaine, Elle fait des promenades, des sorties des voyages qu’interdit la bienséance.
Pop., Courir le guilledou, Aller souvent, et principalement pendant la nuit, dans des lieux suspects. Il ne fait que courir le guilledou.
Courir, actif, signifie également, Hanter, fréquenter. Courir les bals, le bal. Courir les spectacles, les concerts, les maisons de jeu, les mauvais lieux, etc.
Fig. et fam., Courir les ruelles, Aller de visite en visite chez les dames. Cette phrase a vieilli, et ne s’emploie que par dénigrement
Couru, ue. part. passé. Un cerf, un lièvre, un daim couru. Un voleur couru par les gendarmes. Un pays couru par les ennemis.
Couru, signifie aussi Recherché. Un homme fort couru. Un prédicateur très couru. Une place peu courue.
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